"Le Maset de Jean Moulin" / 2023
Jean-Marie Barre
Acrylic, spray paint and oil stick on canvas
50 x 50 cm
Collection Musée Jean Moulin
Entrée collection Musée Jean Moulin
Très honoré de voir mon travail faire partie de la Collection du Musée Jean Moulin à Saint-Andiol.
C'est ainsi la deuxième oeuvre (après "Hôtel Romanin"), que je consacre à ce très grand Résistant français, héros de la Seconde Guerre mondiale.
Celle-ci : "Le Maset de Jean Moulin" parle directement du lieu où il a choisi de se faire parachuter en venant de Londres le 2 janvier 1942, missionné par le Général de Gaulle pour fédérer les mouvements de Résistance intérieure. Cet endroit historique est situé à Eygalieres, au pied des Alpilles.
Sous un pin était enterré un manuscrit qu'il avait écrit à propos notamment de son incarcération par la Wehrmacht à Chartres en juin 1940.
Un texte reçu du critique d'art Claude Guibert, consécutivement à l'exposition Double je (septembre 2023)
Jean-Marie Barre : le nouveau Fauve
Attention en traversant le parcours du peintre Jean-Marie Barre : une vie peut en cacher une autre. Nous savions déjà que l'artiste, venu d'une figuration fine, précise, qu'il qualifie lui-même de transfiguration narrative, offrait à la toile des atmosphères colorées par les souvenirs. Les tableaux se trouvaient enrichis par un texte, confortant cette vocation mémorielle de la peinture. Pourtant, malgré la légitimité de cet engagement, Jean-Marie Barre a éprouvé l'impérieuse nécessité de rompre avec cet univers, sans savoir, pour autant, quelle serait la voie nouvelle.
Et ce saut dans l'inconnu il le manifeste avec un voyage au centre de la peinture qu'il entreprend en abandonnant pour un temps les pinceaux. Cette introspection s'opère à travers les lectures, les voyages, les rencontres. C'est à Berlin, tout d'abord, qu'il installe son atelier pour s'y livrer à une « Entrée en matière », cherchant sous la surface du tableau, à remonter les strates géologiques de l’histoire de la peinture, puisant à la fois dans son geste et dans sa réflexion, les éléments fondamentaux de cette pratique, comme dans une sorte d’archéologie mentale indispensable. Il faut en passer par le noir et blanc comme une remise a zéro indispensable. Bientôt le rouge réapparaît au service d'une abstraction gestuelle sans repentir avec la série « Triad of colors, Black, red, white » de 2014.
Le besoin de changement se confirme avec les voyages. A Los Angeles, en 2017, la série Open eyes / structures et cercles confronte gestuel et structure.
Avec cette deuxième vie, Jean-Marie Barre accède à une pratique qui, sans qu'on le décèle encore totalement, porte les prémisses de son travail actuel. La superbe série « Botanic » de 2018, conserve les attributs d'une peinture abstraite et gestuelle tout en nous faisant envisager avec son titre qu'il pourrait bien s'agir d'une figuration en devenir. L'autre indication sous-jacente de cette série tient à l'emploi d'une couleur fluorescente avec usage de la bombe.
Et c'est aujourd'hui qu'une troisième voie, une troisième vie, s'ouvrent.
Après ces mouvements telluriques qui ont bousculé sa peinture, le peintre atteint un point d'équilibre particulièrement remarquable dans la série «Vie personnelle » de cet été 2023. Avec cette conjonction d'une figuration renouvelée et d'une abstraction gestuelle, Jean- Marie Barre, recourant à une couleur fluorescente transgressive, se pose en « nouveau fauve », héritier de ces peintres du début du vingtième siècle magnifiant avec audace la Provence méditerranéenne. Du « Chemin de Beaumes » à « Behind Gigondas » un sillon est tracé, portant en lui les acquis de ses vies antérieures pour déboucher sur cette somptueuse voie lactée.
Cette fois nous y sommes ! serait-on tenté de lancer à l'intention d'un artiste qui a fait du doute un mode opératoire. Formons le vœux de voir Jean-Marie Barre s’épanouir dans cette création aboutie.
Claude Guibert septembre 2023