Artist statement / 2024
La période de recherche en abstraction qui a duré une dizaine d’années m’a amené a considérer la spontanéité comme essentielle dans ma pratique. Y compris dans le choix des couleurs. Une intention de libérer la main (dans les deux sens du terme) en sortant du carcan de la pratique appliquée de peinture de chevalet précédente pendant ma première époque très réaliste. Ce nouveau terrain incertain oblige à considérer le travail comme un exercice d’équilibre entre instinct et réflexes qu’il faut maitriser malgré tout. Seul au final devrait compter le fait de faire oeuvre en se tenant dans l’espace de la toile et de s’y inscrire idéalement avec pertinence.
Cet hommage à la nature s’inscrit dans une recherche classique de la subtilité de la lumière dans le paysage peint, et sur le fond, interroge aussi le principe de soumission dans l’éducation. Par un geste fougueux, saillant, il exhorte à un non conformisme épris de liberté. Suggérant de ce fait, l’encouragement de l’autonomie, de l’audace et de la réalisation de soi. La créativité spontanée également, dont l’adulte n’aurait jamais dû se départir depuis l’enfance…
C’est aussi l’aboutissement de décennies de pratique en peinture, passant d’une oeuvre narrative extrêmement réaliste, à l’abstraction la plus totale; et aujourd’hui explorant des chemins qui incarnent une poésie expressive. Passé la fougue et l’élan porteur des premières créations, la vivacité du geste s’accompagne aujourd’hui d’une prise en compte de la composition et parfois même, ce à quoi je me refusais il y a encore quelques mois : de la perspective. Cette touche reste cependant plus suggérée qu’affirmée (il ne s’agit plus du tout de travailler ma pratique de façon classique).
Autre évolution récente, tout en affirmant une grande vivacité, le besoin d’expression s’accompagne d’une envie plus importante de ne pas négliger parfois le détail. Raison pour laquelle, j’utilise aujourd’hui crayon ou bâton d’huile, en sus de l’aérosol et de la peinture acrylique travaillée avec mes doigts, afin de préciser partiellement certains aspects du paysage. C’est notamment le cas dans mes travaux sur papier.
En amont de cette démarche, la recherche de sujets est permanente. Je consacre ainsi beaucoup de temps à des prospections sur le terrain, et cette quête quand elle est fructueuse motive mon désir de peindre. En ce sens je poursuis une curiosité déclenchée par la vision de moments singuliers offerts par la nature, comme d’autres plus tôt dans l’Histoire de l’art. L’enjeu est de restituer cette réalité vécue avec fraicheur et prise de risques formelle.
Parmi mes « héros », quelques artistes abstraits par exemple, en font partie : Albert Oehlen, Jacqueline Humphries, Joe Bradley, Anke Weyer entre autres, et même un adepte de ce qui se rapproche de la bad painting : Josh Smith…
Dans un avenir proche, conscient des enjeux écologiques, je vais abandonner l’aérosol. Il est probable aussi que la peinture à pleines mains soit complétée par des touches données au pinceau, et que le format des oeuvres soit plus important, pour peu que j’en ressente l’appel.
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Région d'Avignon, décembre 2024
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The period of research in abstraction that lasted about ten years led me to consider spontaneity as essential in my practice. Including in the choice of colors. An intention to free the hand (in both senses of the word) by getting out of the stingles of the previous applied practice of easel painting during my first very realistic era. This new uncertain terrain forces us to consider work as an exercise in balance between instinct and reflexes that must be mastered despite everything. Only in the end should count the fact of doing the work by standing in the space of the canvas and ideally fitting into it with relevance.
This tribute to nature is part of a classic search for the subtlety of light in the painted landscape, and on the substance, also questions the principle of submission in education. By a fiery, protruding gesture, he urges a freedom-loving non-conformism. Suggesting, therefore, the encouragement of autonomy, audacity and self-realization. Spontaneous creativity as well, which the adult should never have parted with since childhood...
It is also the culmination of decades of practice in painting, moving from an extremely realistic narrative work to the most total abstraction; and today exploring paths that embody expressive poetry. After the ardor and the momentum of the first creations, the vivacity of the gesture is now accompanied by a consideration of the composition and sometimes even, what I refused a few months ago: perspective. However, this touch remains more suggested than affirmed (it is no longer at all a question of working on my practice in a classic way).
Another recent development, while affirming a great liveliness, the need for expression is accompanied by a greater desire not to neglect the detail sometimes. For this reason, I now use pencil or oil stick, in addition to the aerosol and acrylic paint worked with my fingers, in order to partially specify certain aspects of the landscape. This is particularly the case in my work on paper.
Upstream of this approach, the search for subjects is permanent. I thus devote a lot of time to prospecting in the field, and this quest when it is fruitful motivates my desire to paint. In this sense, I continue a curiosity triggered by the vision of singular moments offered by nature, like others earlier in the history of art. The challenge is to restore this reality lived with freshness and formal risk-taking.
Among my "heroes", some abstract artists for example, are: Albert Oehlen, Jacqueline Humphries, Joe Bradley, Anke Weyer among others, and even a follower of what is close to bad painting: Josh Smith...
In the near future, aware of ecological issues, I will abandon the aerosol. It is also likely that the full-handed painting will be completed by brushstrokes, and that the format of the works will be more important, as long as I feel the call.
Avignon, December 2024